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Troubles des Conduites Alimentaires : une prise en charge spécifique à la Clinique du Moulin

le 02/06/2021

Depuis une dizaine d’années, la Clinique du Moulin, près de Rennes (35), a développé une expérience d’accueil et une prise en charge spécifique des patients adultes qui souffrent de ces troubles.

Des pathologies complexes, déconcertantes, souvent difficiles à accompagner pour le corps médical.
Des pathologies complexes, déconcertantes, souvent difficiles à accompagner pour le corps médical.

Si les Troubles des Conduites Alimentaires (TCA) se développent le plus souvent lors de l’adolescence, ils peuvent aussi persister ou apparaitre à l’âge adulte. Depuis une dizaine d’années, la Clinique du Moulin (Ramsay Santé) a développé une expérience d’accueil et une prise en charge spécifique des patients adultes qui souffrent de ces troubles.

Depuis 2013, le docteur Stéphane Lecordier est psychiatre au sein de la Clinique du Moulin à Bruz (Ille-et-Vilaine), il est spécialisé dans la prise en charge des patients souffrant de troubles des conduites alimentaires. À l’occasion de la Journée mondiale des Troubles des Conduites Alimentaires, il revient sur ces pathologies complexes, déconcertantes, souvent difficiles à accompagner pour le corps médical.

Une forte augmentation des demandes de soins

Les troubles des conduites alimentaires, dont les principaux sont l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie, sont caractérisés par des conduites alimentaires différentes de celles habituellement adoptées par les personnes vivant dans le même environnement. Elles ont des répercussions souvent très graves sur la santé psychique et physique de ceux qui en souffrent. Souvent associés à des troubles anxieux ou dépressifs, la prise en charge de ces troubles est à la frontière de la médecine somatique et de la psychiatrie.

À la Clinique du Moulin, les patients adultes, essentiellement des femmes, sont accueillis par une équipe multidisciplinaire, en collaboration avec le service de nutrition du CHU de Rennes ou de la Clinique Saint-Yves, spécialisée dans la réadaptation digestive et nutritionnelle. « On connait assez mal les TCA d’un point de vue médical, affirme le Dr Lecordier. Seule une écoute attentive des patients nous permet de découvrir des pratiques alimentaires parfois étonnantes. Aujourd’hui, on observe aussi de plus en plus souvent l’association d’un TCA à une autre dépendance, comme l’alcool ou les médicaments. »

Le Dr Lecordier a aussi constaté que la crise sanitaire traversée par le pays a conduit à une augmentation de plus de 40% des demandes de soins avec une forte hausse des hospitalisations. « Le confinement a énormément aggravé la situation, affirme le psychiatre. L’isolement et le manque de liens sociaux ont enfermé certaines personnes à risque dans leurs pensées alimentaires. Au premier trimestre, nous avons reçu plus d’une demande d’hospitalisation par jour pour des situations de TCA sévère avec un retentissement nutritionnel majeur. »

Former une alliance avec le patient et son entourage

La Clinique du Moulin prend en charge des patients dans le cadre d’une hospitalisation complète avec une équipe pluridisciplinaire composée de psychiatres, de psychologues, d'un médecin généraliste, d'une diététicienne, de soignants, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes et d'une animatrice. « Nous allons travailler sur l’hyperactivité, la comorbidité psychiatrique et nous allons déléguer la surveillance de l’alimentation à l’équipe de nutrition avec laquelle nous avons de nombreux échanges. Nous travaillons dans la concertation », affirme le psychiatre. Quand le patient recommence à trouver un équilibre, il est reçu en hospitalisation de jour. « Quand on sait que le taux de suicide maximal a lieu dans l’année qui suit l’hospitalisation des patients, il est plus que vital d’assurer un suivi rapproché et de ne pas lâcher le patient brutalement dans le monde extérieur, avec les angoisses que cela peut provoquer », ajoute Dr Lecordier.

Dans la prise en charge des patients souffrant de TCA, l’entourage est un facteur déterminant. « À la clinique, nous avons à cœur de prendre en compte la souffrance de l’entourage et, si possible, d’associer la famille à l’évolution et au déroulement des soins. Dans une bonne majorité des cas, on observe une amélioration de l’état du patient », affirme le psychiatre. Pour ce dernier, la mise en confiance et la création d’une alliance avec le patient est également fondamentale à la réussite de la prise en charge. « Le travail peut être long, mais il est parfois plus rapide qu’on le pense. Notre travail, c’est la relation qui peut changer la vie », conclut Dr Lecordier.