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"Comment j’ai vécu la crise Covid ?"

le 30/12/2020

Premiers sur la ligne de front dans la lutte contre la Covid, le personnel de santé s’attelle chaque jour à donner son maximum pour prendre en charge efficacement et rapidement les patients qui se présentent. Si la première vague de la pandémie a été très soudaine et a parfois bouleversé l’organisation de certains établissements, la seconde a pu être davantage anticipée et certaines précautions, acquises avec l’expérience de la première vague, ont été prises.

Élisabeth est préparatrice en pharmacie à la Clinique du Mousseau (Évry, Île-de-France). Avec ses collègues, elle a assuré du mieux possible la gestion des stocks de médicaments et de produits nécessaires à la prise en charge des patients, parfois en rupture au plus fort de la pandémie. Des situations délicates à gérer, mais aujourd’hui l’harmonie est retrouvée. Récit.

Quel est votre métier à la Clinique du Mousseau ?

Je suis préparatrice en pharmacie. Avec mes collègues, nous sommes là pour mettre à disposition les médicaments et le matériel médical nécessaire aux différents services de la clinique. Nous avons aussi une activité gestion des stocks en chimiothérapie.

Comment a été vécue l’arrivée de la crise Covid dans l’établissement ?

Nous avons tous été très surpris par la rapidité de propagation du virus. Nous nous sommes vite retrouvés face à des manques de matériel (masques, blouses, gants, gel hydroalcoolique…), dont les services avaient le plus besoin à ce moment-là. Nous avons dû trouver des solutions alternatives. Nous étions sous pression car les services ne comprenaient pas forcément que nous puissions être en rupture de produits essentiels à la prise en charge des patients et pourquoi nous ne parvenions pas à les obtenir rapidement.

Comment avez-vous géré cette situation ?

Il a fallu attendre un mois et demi environ avant de retrouver une certaine sérénité dans nos stocks et cela a notamment été rendu possible grâce à des dons de grandes enseignes de la distribution, de magasins de bricolage. Nous avons reçu des masques, des gants, des combinaisons intégrales… La solidarité nous a permis de nous redresser.

Mais la période restait tendue et stressante, y compris en interne. Nous n’osions plus trop nous mélanger avec d’autres collègues, infirmiers, car nous savions peu de choses sur ce virus. Certaines collègues étaient en grande souffrance face à cette situation dont on ne voyait pas l’issue.

Et lorsque vous rentriez chez vous après de telles journées, quel était votre état d’esprit ?

Pour ma part, mon conjoint et mes enfants étaient confinés. Alors j’avais continuellement cette appréhension de les contaminer en rentrant chez moi… Cela devenait presque un rituel d’entrer, de mettre immédiatement tous mes vêtements à la machine et de me doucher, sans même un geste tendre pour eux. Parfois même, je n’osais plus embrasser mon conjoint ou mes enfants. Et le plus difficile, c’était d’imaginer quand cela pourrait enfin s’arrêter. Nous avons eu des moments difficiles. Nous en parlions avec mes collègues, c’était un moyen de dédramatiser un peu, de se rassurer et de s’encourager.

La situation s’est-elle apaisée ?

Oui, dès l’instant où nous avions reçu du matériel, la situation s’est apaisée. Les moments qui m'ont vraiment marquée sont ceux où les services nous sollicitaient pour obtenir du matériel ou des fournitures médicales que nous n’avions plus. Il fallait non seulement gérer l’urgence mais aussi se justifier… 
Pour cette deuxième vague, nous sommes beaucoup mieux organisés et tout a été anticipé. Nous avançons bien plus sereinement ! Et le moral va également en ce sens : il est bien meilleur.