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Cancer et Covid-19 : prévenir et rassurer

le 26/03/2020

Le coronavirus affecte davantage certaines catégories de personnes plus fragiles. Parmi elles, les patients atteints d’un cancer. Comment peuvent-ils se protéger et aborder cette période le plus sereinement possible ? Stanislas Ropert, médecin oncologue et président du centre de coordination en cancérologie (3C)à l’Hôpital privé d’Antony, apporte des éléments de réponse.

À circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles

Selon les statistiques en provenance de Wuhan, les personnes ayant un cancer seraient plus susceptibles d’être infectées par le Covid-19.

Des données malgré tout tempérées par le Dr Ropert : « Si nous observons davantage de cas de contamination au Covid-19 chez ces patients, cela peut s’expliquer par le fait qu’ils sont sous haute surveillance médicale et donc très régulièrement testés sans que cela ne préjuge d’un risque accru d’infection ». Néanmoins, ces patients, plus souvent immergés en milieu hospitalier ont davantage de risques d’entrer en contact avec des personnes atteintes du coronavirus.

Autre information relevée par l’étude chinoise (Ibid) : 30 % des personnes atteintes d'un cancer sont susceptibles de développer des complications sévères en étant touchées par le coronavirus, contre 1 à 5 % du reste de la population. « Les personnes ayant un cancer ne sont pas nécessairement plus à risque mais elles peuvent en revanche développer des formes plus sévères de la maladie », explique le Dr Ropert. Pour préserver ces personnes, de nombreux services de soin comme celui de l’Hôpital privé d’Antony « sanctuarisent » les zones de prise en charge et traitement des patients atteints de cancer. « Tout a été mis en œuvre pour que le patient en cancérologie ne soit jamais en contact avec des personnes atteintes du Covid-19. D’autant que l’activité du service perdure de manière quasi normale et que les traitements à visée curative sont à ce jour maintenus ».

Respecter scrupuleusement les indications médicales 

Quelles que soient les circonstances, le Dr Ropert rappelle l’importance de toujours s’en référer au corps médical lorsqu’un changement d’ordonnance  est envisagé. « Il ne faut surtout pas prendre l’initiative d’interrompre son traitement par peur des symptômes du coronavirus. Par exemple, si vous suivez un traitement par corticoïdes, il ne devra pas être arrêté brutalement. Une corticothérapie est prescrite pour diminuer un risque d’inflammation, de réaction allergique ou à visée anti tumorale avec un objectif  et une posologie précis. L’interrompre pourrait avoir des conséquences graves sur la maladie traitée. Avant toute décision, il faut en discuter avec son cancérologue ». Même constat vis-à-vis de l’automédication et notamment de la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)* qui est formellement déconseillée. La prise d’AINS (et non pas de corticoïdes) est en effet associée à un risque accru de forme grave d’infection au Covid-19. Au-delà des conseils médicaux, rappelons que le confinement est nécessaire pour tous, surtout lorsque l’on est soi-même atteint d’un cancer ou que l’on côtoie une personne touchée par le cancer. « Il faut respecter à la lettre les mesures de confinement et éviter les visites de personnes extérieures au foyer », insiste le docteur.

En cas d’interrogation ou de besoin d’être rassuré, les référents de service sont toujours disponibles pour répondre aux questions des patients, notamment au sujet de leur traitement de fond.

4 conseils à retenir :

  • Peu importe les traitements en cours, il faut penser à s’hydrater et se nourrir suffisamment.
  • Conserver un minimum d’activité physique est important, même dans un périmètre restreint et protégé.
  • Éviter absolument toute automédication, notamment par AINS.
  • Toujours s’en référer aux équipes médicales et paramédicales des services de cancérologie, extrêmement mobilisées pour répondre aux questions.

#restezchezvous

* : Classe de médicaments comprenant de nombreuses molécules telles que l'ibuprofène.