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Péridurale déambulatoire : accoucher grâce au mouvement

le 10/11/2025

La péridurale déambulatoire : pourquoi opter pour cette méthode ?

Contrairement à la péridurale classique qui immobilise complètement les jambes, cette alternative offre aux patientes la possibilité de se déplacer tout en bénéficiant d'un soulagement de la douleur. Une pratique qui s'inscrit dans une tendance actuelle de retour à un accouchement plus naturel et physiologique. Rencontre avec une professionnelle qui accompagne depuis plusieurs années les femmes dans cette expérience.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est la péridurale déambulatoire et en quoi elle diffère de la péridurale traditionnelle ?

La péridurale déambulatoire repose sur le même principe que la péridurale classique : on pose un cathéter dans le dos qui diffuse une anesthésie locale pour soulager la douleur du bas du corps, généralement du haut du ventre jusqu'aux cuisses. La différence fondamentale entre les deux méthodes réside dans le dosage du produit injecté. Celui-ci est beaucoup moins concentré, ce qui permet une analgésie efficace sans bloquer entièrement la mobilité des jambes. Contrairement à la péridurale traditionnelle où les patientes ne peuvent plus se déplacer, ici on obtient un soulagement de la douleur tout en conservant les sensations et la capacité de mouvement. C'est une approche très confortable sur le plan obstétrical et particulièrement physiologique pour la gestion du travail. Et pour la pose, c'est exactement le même procédé qu'une péridurale classique. Il n'y a aucune différence dans la technique de pose du cathéter.

Quels sont les bénéfices observés de la déambulation pendant le travail ?

Il y a un réel bénéfice physiologique à se mobiliser pendant le travail, avec ou sans péridurale. La position verticale et la gravité favorisent l'engagement du bébé dans le bassin. C'est d'ailleurs ce que prônent les sages-femmes spécialisées dans les accouchements naturels ou à domicile : la mobilisation améliore le déroulement du travail.

Dans la pratique, si les patientes se reposent les 3-4 premières heures après la pose de la péridurale, on peut tout à fait les relever en deuxième partie de travail. Elles font alors un tour avec le monitoring, et cette déambulation est généralement très agréable pour elles.

Dans notre maternité, nous avons un espace dédié à la déambulation, plus agréable et lumineux, équipé de fauteuils, d'une télévision et de machines à café pour les accompagnants. Les patientes peuvent circuler dans les couloirs de cet espace naissance, dans les limites de portée de nos appareils de monitoring.

Toutefois, si le rythme cardiaque du bébé présente des anomalies, nous ne recommandons pas la déambulation. Dans ces cas-là, nous préférons garder la patiente sous surveillance proche de la table d'accouchement, car nous devons pouvoir intervenir très rapidement en cas de césarienne en urgence. La sécurité reste notre priorité absolue.

Quels sont les risques associés à cette technique ?

Les risques sont minimes et identiques à ceux d'une péridurale classique. Le plus fréquent est une légère chute de tension lors de l'injection du premier produit, qui peut provoquer un petit malaise. C'est totalement réversible et sans conséquence puisque la patiente est allongée à ce moment-là. La récupération se fait en quelques minutes.

Le principal « risque », si on peut l'appeler ainsi, c'est que le dosage ne soit pas suffisant pour soulager correctement la douleur. Mais la patiente dispose d'une pompe qu'elle peut actionner elle-même dès qu'elle ressent un inconfort. Le produit arrive alors par son cathéter et le soulagement intervient quelques minutes après.

Cette technique séduit-elle beaucoup les futures mamans ?

Beaucoup de jeunes mamans avant l'accouchement souhaitent bénéficier de cette péridurale pour garder des sensations et de ne pas « passer à côté du moment ».

Mais dans la réalité de la salle de naissance, c'est différent. Quand elles arrivent à la maternité, souvent après plusieurs heures, voire plusieurs jours de contractions et de nuits difficiles, leur priorité change. Une fois la péridurale posée et enfin soulagées, la plupart n'ont plus du tout envie de déambuler. Elles veulent se reposer tranquillement dans leur lit, fermer les volets et dormir quelques heures. C'est très bien comme ça, d'ailleurs. Les péridurales déambulatoires représentent environ 15 % de nos péridurales, c’est donc une pratique courante, mais pas majoritaire. 

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui s'interrogent sur cette option ?

Je recommande d'en parler lors de la consultation d'anesthésie obligatoire et d'établir un projet de naissance avec une sage-femme. Dans notre maternité, nous proposons une consultation spécifique dédiée aux projets de naissance, qui permet de rencontrer l'équipe, visiter les locaux et comprendre comment s'organise concrètement cette déambulation.

Il faut aussi avoir la chance d'accoucher dans une maternité sensible au bien-être des patientes. Notre équipe d'anesthésistes est vraiment à l'écoute et s'adapte complètement aux souhaits des futures mamans. C'est essentiel pour proposer ce type d'accompagnement.