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Zoom sur un établissement Ramsay Santé engagé dans le repérage précoce des fragilités liées à l’âge
le 04/12/2025
Face au vieillissement de la population, la Clinique Ramsay du Petit Colmoulins a développé une approche innovante pour maintenir l'autonomie des personnes âgées le plus longtemps possible. Le Dr Amandine Delannoy, médecin spécialisée en gériatrie, nous présente le programme Vies'âge, qui mise sur l’éducation thérapeutique.
Un enjeu de santé publique majeur
Entre 2015 et 2050, la proportion des 60 ans et plus dans la population mondiale va presque doubler, passant de 12 % à 22 %. En France, cette tendance démographique pose une question centrale : comment permettre à chacun de vieillir en bonne santé, en préservant son autonomie et sa qualité de vie ?
C'est précisément pour répondre à cet enjeu que la Clinique du Petit Colmoulins a créé le programme Vies'âge. Le Dr Delannoy a contribué à sa mise en place et à sa coordination après s'être formée au repérage des fragilités chez les personnes âgées. Son constat est clair « En France, la prise en charge des personnes âgées passe encore malheureusement beaucoup par du curatif mais encore trop peu par du préventif. Or, le plus important est de reculer l'entrée dans la dépendance. ».
De la réaction à l'anticipation : le programme Vies'âge
La Clinique du Petit Colmoulins disposait déjà d'un hôpital de jour (HDJ) pour prendre en charge des patients âgés présentant des pathologies particulières. Mais, l'équipe soignante a souhaité aller plus loin en structurant une approche globale. « Notre objectif est de promouvoir un HDJ pour la prévention des fragilités et des chutes, en captant les signaux d’alerte avant les décompensations (la fracture par exemple) », détaille le Dr Delannoy.
Le programme Vies'âge, ouvert en mars 2025, repose sur une approche globale et pluridisciplinaire de repérage des fragilités. Après une évaluation gériatrique complète (et sauf critères d’exclusion), les patients intègrent un programme en petits groupes de six à huit personnes.
Les trois piliers du programme
Le dispositif s'articule autour de trois axes complémentaires, conçus pour agir sur l'ensemble des facteurs de maintien de l'autonomie :
- L'activité physique adaptée (APA) : les patients bénéficient de trois heures d’activité par semaine, réparties en sessions d'une heure. « L'équilibre, la force musculaire et la marche sont trois facteurs clés pour réduire le risque de dépendance », souligne le médecin.
- Le programme de prévention des chutes : à travers des ateliers ludiques, les patients sont mis en situation réelle pour apprendre à modifier leurs habitudes quotidiennes et limiter les risques de chute.
- Les ateliers « bien vieillir » abordent des thématiques variées : hygiène bucco-dentaire, stimulation de la mémoire, techniques de relaxation pour améliorer le sommeil, et même sécurité routière avec un simulateur de conduite.
Repérer les fragilités avant qu'il ne soit trop tard
L'efficacité du programme repose en grande partie sur un dépistage précoce des fragilités. La clinique a développé plusieurs canaux de repérage, en collaboration avec la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Havre, l'hôpital public voisin, les médecins traitants et les infirmières libérales du secteur.
Plusieurs signaux doivent alerter : perte de poids, isolement, moral en berne, troubles de la marche et de l'équilibre, manque de force, perte musculaire, déconditionnement physique. « Ces signaux doivent interpeller le médecin généraliste ou l'entourage familial et conduire à réaliser un bilan », souligne le Dr Delannoy.
Des ateliers qui impliquent activement les patients
L'éducation thérapeutique du patient (ETP) occupe une place centrale dans le programme Vies'âge, avec huit ateliers conçus pour modifier durablement les comportements.
L'atelier « bouger au quotidien » vise à démystifier l'activité physique. « On pense que l'activité physique, c'est du sport. Or, le patient est amené à comprendre que faire du ménage, marcher jusqu’à la boulangerie, monter les escaliers, ce sont des moyens faciles de faire ses 30 minutes par jour d'activité physique », explique le Dr Delannoy. Les participants établissent un planning hebdomadaire de leurs activités habituelles, qu'ils ajustent progressivement sur huit semaines pour atteindre l'objectif final intégré dans leur quotidien. Cela favorise la pérennisation, sur le long terme, des actions mises en place durant l’hôpital de jour.
L'atelier de cuisine enrichie « mettre du beurre dans les épinards » illustre parfaitement l'approche pratique du programme. « Le patient apprend à cuisiner en fonction de ses besoins. La diététicienne identifie d'abord les besoins de chacun, puis ils réalisent ensemble un menu entrée-plat-dessert en cuisine thérapeutique avec des ergothérapeutes, avec des recettes faciles à faire et adaptées. L'objectif est de montrer qu'enrichir son alimentation, ce n'est pas très compliqué. Plus on vieillit, plus les besoins nutritionnels sont importants, même si on a tendance à penser l'inverse », explique le Dr Delannoy.
Cette approche active porte ses fruits. « C'est très pratique et impliquant pour le patient, car c'est plutôt lui qui est amené à se poser des questions plutôt que nous lui donner des réponses toutes faites », ajoute le médecin, qui cite l'exemple de deux aidantes de 65 ans ayant retrouvé leur autonomie physique et triplé leurs performances en termes de force, d'équilibre et de vitesse à l’issue du programme.
Le programme ne s'arrête pas à la fin des huit semaines d'ateliers. Les patients sont revus après six mois puis un an pour s'assurer qu'ils ont maintenu les changements dans leur quotidien. Ils repartent avec un livret thérapeutique complet, qui peut également servir au médecin traitant pour le suivi.
Quatre conseils essentiels pour bien vieillir :
Au-delà du programme Vies’âge, le Dr Delannoy partage ses recommandations pour maintenir son autonomie :
- Maintenir 30 minutes d'activité physique quotidienne : c’est bénéfique pour le physique et l’anxiété
- Stimuler son cerveau et éviter l'isolement : continuer d’avoir des contacts quotidiens
- Faire le point régulièrement avec son médecin sur ses traitements : notamment en ce qui concerne les somnifères, il est important de réévaluer avec son médecin traitant s'ils restent nécessaires et de chercher des alternatives quand c'est possible.
- Adopter une alimentation adaptée : assurer des apports en calcium et vitamine D pour prévenir l'ostéoporose, fractionner les repas, enrichir son alimentation et arrêter les régimes restrictifs.
Le Dr Delannoy insiste : l'âge de la retraite, moment où les activités et interactions sociales diminuent naturellement, est justement le moment clé pour agir. « C'est là qu'il faut redoubler d'efforts pour reculer l'entrée dans la dépendance ! ».