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Traitement des paralysies faciales : une même conséquence, de multiples causes

le 17/02/2021

La paralysie faciale est la conséquence d’une pathologie qu’il est impératif de rapidement diagnostiquer. Souvent brutale et inquiétante pour le patient et ses proches, cette manifestation peut toutefois être prise en charge grâce à un traitement adapté et de la rééducation.

Le Dr Arnaud Devèze est médecin ORL et chirurgien spécialisé dans les pathologies de l’oreille à l’Hôpital privé Clairval, établissement Ramsay Santé situé à Marseille (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Il présente la paralysie faciale et le parcours de soins proposé aux patients.

Écarter le risque d’AVC

Une paralysie faciale exprime un déficit neurologique de la face qui se traduit par une privation totale et subite de mouvements d’un côté du visage, avec principalement une déformation de la joue et l’impossibilité de fermer l’œil du même côté. « Les patients qui présentent ce trouble nous sont souvent adressés par les urgences, explique le Dr Devèze. En effet, la première cause qui vient à l’esprit est l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui justifie une prise en charge réellement urgente. » Il est essentiel d’éliminer ce diagnostic, rapidement et simplement, grâce à l’absence d’autres symptômes associés à cette paralysie.

Une fois le diagnostic de paralysie faciale périphérique (donc non neurologique) posé, il s’agit d’identifier la cause de celle-ci. Le plus souvent, la paralysie faciale est provoquée par la réactivation d’un zona de l’oreille, une affection classique et plus connue au niveau de l’épiderme du thorax, mais qui peut également se produire au niveau du visage et de l’oreille. La forme la plus classique est dite « paralysie faciale "a frigore" », car ce type de réactivation se produit après une exposition au froid (à l’image du soleil ou d’une poussée de fièvre, qui provoque la réactivation du virus de l’herpès, un cousin du zona). Une paralysie faciale peut aussi s’expliquer par la présence d’une maladie inflammatoire, d’un traumatisme ou un accident, la modification de l’immunité lors de la grossesse ou encore un diabète. La prise en charge débute de la même manière, mais les évolutions sont parfois différentes », précise le spécialiste. Pour cela, des examens approfondis de l’oreille, ainsi qu’une IRM des nerfs de la face sont réalisés de manière systématique.

Traitement et rééducation

Le nerf facial a la particularité d’être protégé par un canal osseux (canal de Fallope). La paralysie faciale s’explique par un œdème du nerf, qui entretien la souffrance des fibres nerveuses qui sont comme prises dans un garrot, au sein de ce canal rigide. Dans un premier temps, la prise en charge consiste à administrer un traitement par cortisone à forte dose ainsi que des médicaments antiviraux. « Il faut aussi et surtout protéger l’œil du patient de la sécheresse, sa paupière supérieure n’étant plus mobile. Ensuite, nous programmons une rééducation précoce auprès d’un orthophoniste ou d’un kinésithérapeute spécialisé. » La récupération se fait progressivement et dure entre 2 et 8 semaines pour les formes les plus bénignes. Pour les formes qui mettent davantage de temps à récupérer, un électromyogramme est nécessaire. « Cela signifie qu’il s’agit d’une forme sévère ou que le diagnostic était mal posé. Il faudra alors envisager d’autres traitements. »

Au bout d’un mois sans aucun signe d’amélioration, une intervention chirurgicale dite de décompression doit être discutée par des spécialistes de la chirurgie de la base du crâne (chirurgiens otologistes). Il s’agit de libérer le nerf facial gonflé et coincé dans le canal de Fallope. « L’objectif est de lever l’effet garrot sur le nerf compressé. Si on ne le fait pas, il peut y avoir des séquelles irréversibles. La microchirurgie permettra de le libérer. » Associée à cela, l’amélioration de la qualité de vie du patient passera également par la programmation de séances de rééducation orthophonique prolongées ou encore l’injection de toxines botuliques pour soulager les contractures du visage.

Dans les cas les plus extrêmes, des greffes nerveuses pourront être envisagées, afin de redonner sa motricité au visage. Quelle que soit la situation, le spécialiste rappelle qu’une paralysie faciale n’est jamais bénigne et qu’il faut impérativement consulter un professionnel de santé.