
Actualités
Sage-femme en 2025 : Claire Saunier, aux avant-postes d'un métier transformé
le 05/05/2025
Portrait d’une sage-femme : focus sur un métier essentiel dans les établissements Ramsay Santé

Une vocation affirmée, un parcours singulier
L'évidence s'est imposée très tôt pour Claire Saunier. Elle-même fille d'une sage-femme à la carrière hospitalière complète, les couloirs des maternités lui étaient déjà familiers. Classée 11ᵉ au concours de médecine, elle fait ce choix qui peut surprendre : « J'avais le choix d'aller en médecine ou en maïeutique, j'ai choisi la seconde option. C'était un souhait profond. » Après quinze ans d'exercice, dont les neuf dernières années comme responsable de la maternité de l'Hôpital privé de l'Estuaire, Claire maintient également une activité clinique : « Je fais des consultations de projets de naissance, d'homéopathie et d'aromathérapie et je donne régulièrement des coups de main sur les césariennes, les accouchements, les réanimations néonatales. »
Au-delà du diplôme initial, une quête permanente
Le parcours de Claire Saunier est jalonné de formations complémentaires qui ont transformé sa vision du métier. « L'homéopathie m'a obligée à ne pas découper le patient en organes, explique-t-elle. Puis vient l'aromathérapie, avec la volonté d'avoir des alternatives, notamment dans l'accompagnement psycho-émotionnel pendant la grossesse. »
Sa dernière formation, l'hypnose, illustre son approche holistique. Pour les patientes d'abord, Claire aimerait se concentrer sur l'accompagnement en cas de stress post traumatique et plus précisément pour les femmes ayant connu un deuil périnatal. En parallèle, elle propose des consultations d’hypnose destinées aux soignants confrontés au stress professionnel : « Les services de maternité sont parmi les plus propices au syndrome de stress post traumatique pour les soignants. »
Une extension majeure des compétences
La sage-femme d'aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec celle d'hier. Depuis la loi du 26 janvier 2016, puis avec les décrets d'application de 2022, leurs prérogatives se sont considérablement élargies. « C'est lié à la démographie médicale défavorable et aux difficultés d’accès aux soins, analyse Claire Saunier. Les sages-femmes assurent désormais le suivi gynécologique complet, ce qui permet aux gynécologues de se concentrer sur les pathologies. En effet, la sage-femme passe la main si la pathologie intervient. Par exemple, si un frottis révèle une anomalie cellulaire, nous orientons immédiatement vers un gynécologue. Notre rôle est clairement défini. »
Contraception, pose de dispositifs intra-utérins, frottis, prescriptions d’examens tels que les mammographies ou échographies, pratiques d’IVG médicamenteuses (et instrumentales après formation spécifique) – la liste des actes autorisés s'est considérablement allongée. Une évolution que Claire Saunier juge fondamentale, même si elle pointe certaines limites : « Aujourd'hui, il est impossible pour une sage-femme de facturer des consultations en tant que salariée d'un établissement privé. »
Une révolution des attentes
« Les patientes veulent redevenir maîtres de leur accouchement, être moins passives », observe Claire Saunier. Pour répondre à cette évolution, son établissement a créé des consultations dédiées aux projets de naissance. « C'est une heure consacrée au couple, sans examen médical, uniquement centrée sur leurs souhaits pour la grossesse, l'accouchement et le post-partum. » Une démarche qui s'adapte à toutes les situations : « Une patiente qui a une césarienne programmée peut aussi avoir un projet de naissance personnalisé. »
Cette évolution vers des projets de naissance personnalisés s'accompagne toutefois d'un défi de taille : les idées préconçues. « Les patientes sont souvent inondées d'informations erronées sur les réseaux sociaux, observe Claire. Une partie de mon travail consiste à expliquer, à faire de la pédagogie, à équilibrer leurs attentes avec la réalité médicale. Lorsqu'une femme me dit 'je veux accoucher dans telle position', je dois lui expliquer qu'il y a un paramètre qu'on ne maîtrise pas : le bébé lui-même, qui peut parfois ne pas tolérer cette position. C'est un dialogue constant entre leurs souhaits et ce qui sera possible le jour J. »
Un combat pour la qualité des soins
Face à l'évolution du système de santé, Claire Saunier s'oppose fermement à la dynamique qui tend à raccourcir les séjours en maternité. À contre-courant des pratiques actuelles qui privilégient des sorties à J+2, son établissement maintient une hospitalisation de 4 à 5 jours pour un premier enfant. « C'est capital en termes de prévention pour la santé de la femme, de l'enfant. C’est très important pour expliquer aux femmes les gestes à adopter avec leur bébé, prévenir les accidents domestiques ou encore prévenir les dépressions post-partum. En faisant partir une patiente à J+2, on passe à côté de problèmes qui ne sont pas encore apparus. »
« Nous avons une vraie mission de déculpabilisation à effectuer auprès des femmes, affirme Claire Saunier. Les patientes s'accusent : 'Je suis une mauvaise mère parce que j'ai une césarienne' ou 'parce que l'allaitement ne fonctionne pas'. » Dans son approche, l'échec n'existe pas – seulement des parcours différents. C'est peut-être là la véritable mission du métier : au-delà des gestes techniques, les sages-femmes défendent une vision où la médecine s'adapte à la femme, et non l'inverse.
« Beaucoup de patientes s'enferment dans un projet d'accouchement trop rigide, sans ouvrir le champ à l'imprévu », constate-t-elle. Son engagement quotidien : créer un espace où chaque naissance peut suivre sa trajectoire unique, en conciliant les aspirations maternelles et les impératifs médicaux. Un équilibre subtil qui libère les femmes du poids des injonctions et leur permet de vivre pleinement cette expérience transformatrice !
Loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé - https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000031912641#:~:text=%C2%AB%20Elle%20tend%20%C3%A0%20assurer%20la,acc%C3%A8s%20effectif%20de%20la%20population