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L’alimentation pour traiter les troubles dépressifs

le 27/10/2023

A l’occasion de la Journée mondiale de la dépression, la Clinique du Parc (Ramsay Santé) située à Nantes (Loire-Atlantique) revient sur le rôle que joue l’alimentation dans le développement des troubles dépressifs sachant que la dépression est un trouble mental touchant près d’une personne sur cinq en France. Mise en lumière par le Dr Sandra Pondevie, psychiatre et référente du CLAN (Comité alimentation et nutrition) au sein de l’établissement.

 

La Clinique du Parc prend en charge des patients adultes atteints d’un ou plusieurs syndromes dépressifs de types troubles de l'humeur, troubles anxieux (sévères ou résistants aux thérapeutiques), troubles bipolaires et troubles addictifs. La psychonutrtition étudie la façon par laquelle notre assiette influence notre cerveau et notre santé mentale. À ce titre, elle concerne les troubles dépressifs, mais aussi toute la santé mentale.De nombreuses recherches scientifiques ont été menées ces dernières années puis synthétisées à travers des publications de grande ampleur appelées « méta analyses », de sorte qu’il n’existe aujourd’hui aucun doute : il est possible d’agir sur son bien-être psychologique grâce à l’alimentation.

 

 

La psychonutrition pour mieux agir sur les troubles dépressifs

 

La dépression est une pathologie d’origine multifactorielle (neuro inflammation, leaky gut syndrome et hyperméabilité intestinale, déficit en neurotransmetteurs, diminution de la BDNF…). Loin du brainocentrisme, les moyens thérapeutiques aujourd’hui ne se limitent plus aux neurotransmetteurs et à l’action des antidépresseurs (peu efficaces en cas d’inflammation du cerveau). Agir sur l’inflammation en cherchant à la diminuer protège le microbiote et réduit ainsi l’apparition de troubles dépressifs.

Le microbiote intestinal est un ensemble de microorganismes non pathologiques (au nombre cent mille milliards) composés de bactéries, de virus, de champignons, d’archès, les premières étant les plus représentées.

  • Un microbiote sain dit en eubiose a de nombreux rôles pour notre santé : digestion et fermentation des aliments, production de métabolites anti inflammatoires par nos bonnes bactéries (les AGCC), rôle de barrière aux microbes, développement du système immunitaire, protection de la paroi intestinale, participation au développement et fonctionnement du cerveau.
  • Un microbiote en dysbiose est un microbiote moins diversifié avec une diminution des bonnes bactéries et ceci va avoir des conséquences sur la santé en général et la santé mentale en particulier avec diminution de la production de la sérotonine, production de molécules inflammatoires…

En France, le Dr Guillaume Fond, médecin psychiatre, chercheur aux hôpitaux universitaires de Marseille et médecin référent du centre des dépressions résistantes de l’hôpital de Marseille, est l’un des précurseurs dans le domaine de la psychonutrition. À travers son ouvrage intitulé « bien manger pour ne plus déprimer », il partage ainsi ces nouvelles connaissances auprès du grand public.

 

Des ateliers d’éducation à la santé dédiés à la psychonutrition

 

Avec ces ateliers, la Clinique du Parc sensibilise sur l’importance d’une alimentation saine et équilibrée, du lien entre microbiote intestinal, cerveau et inflammation chronique de bas grade. Le microbiote intestinal étant relié au cerveau par voie sanguine, immunitaire, hormonale et nerveuse (le nerf vague).

Le régime le plus connu pour ses effets bénéfiques sur la santé est le « régime méditerranéen », le régime anti-inflammatoire par excellence et protecteur du microbiote. Les personnes qui le pratiquent sont globalement moins touchées par la dépression que les autres (jusqu’à 30 % de risque en moins).

Au contraire, selon une étude australienne conduite par la psychiatre Felice Jacke de l’Université Deakin et de l’Université de Melbourne, le régime alimentaire de type « Junk food » augmente le risque d’anxiété et de dépression. Ce type d’alimentation est pro inflammatoire. Les aliments riches en sucre déclencheraient une cascade de réactions métaboliques conduisant à un emballement du processus inflammatoire qui serait nuisible pour notre microbiote (provoquant une dysbiose) et pour notre cerveau.

« Cet atelier se veut interactif, explicatif, voire ludique afin d’amorcer en douceur un changement des habitudes alimentaires des patients. Il permet de prendre pleinement conscience de la place de l’alimentation dans son quotidien et de l’impact qu’elle peut avoir sur son état émotionnel. Par cette pratique, nous visons à amener un changement durable du comportement alimentaire du patient. Le régime méditerranéen va être recommandé comme le régime alimentaire à adopter », ajoute la psychiatre.

Celui-ci sera détaillé dans sa composition et transmis aux patients de l’établissement à l’aide de supports papier. Il sera également expliqué les notions de prébiotiques, les « fertilisants naturels » des bonnes bactéries et de probiotiques.

Ainsi, il recommande de :

  • Privilégier majoritairement des fruits et des légumes, peu de viandes, un peu de fromage, des légumineuses, des poissons gras riches en OM3 et de l’huile d’olive pilier de ce régime (riche en OM9 et en polyphénols).
  • Éviter les produits raffinés (riz blanc, pain blanc, pâtes blanches…), les produits sucrés, et les sodas, les matières grasses saturées et les produits ultratransformés (riches en graisses saturées, sucres, édulcorants et émulsifiants).

« Prendre soin de son microbiote est un geste thérapeutique fondamental. Hippocrate disait déjà que toutes les maladies commencent dans l’intestin. On pourrait imaginer à l’avenir que les patients souffrant de troubles mentaux pourraient bénéficier d’aliments sur mesure en plus des traitements usuels, ce qui se fait déjà pour d’autres pathologies » conclut le Dr Pondevie.