Actualités

Covid-19 et confinement… Comment trouver les mots en famille ?

le 23/03/2020

Crise sanitaire oblige, les prochaines semaines de confinement s’annoncent délicates à vivre pour les familles. Alors, comment aborder cette période avec les enfants ? Le Professeur Marcel Rufo, pédopsychiatre à la Clinique des Trois Cyprès à Marseille, nous donne quelques clés pour un confinement apaisé…

Certains s’en réjouissent, d’autres le redoutent… Comme l’explique Marcel Rufo, il y a des avantages et des inconvénients au confinement. "L’obligation de rester à la maison entrave le besoin de sociabilité des enfants. Habituellement, l’école leur permet de s’autonomiser et de mener une vie bien à eux. Le confinement perturbe leur rythme mais d’un autre côté, les familles vont pouvoir passer plus de temps ensemble !" 
S’agissant de la manière de parler de l’épidémie et du confinement, tout dépend de l’âge des enfants à qui l’on s’adresse.

 

Les tout petits

Pour les enfants de 3 à 5 ans, la difficulté consiste à expliquer - sans provoquer d’inquiétudes - qu’il faudra vivre les prochaines semaines sans leurs camarades d’école, ou leurs grands-parents, s’ils en ont. "Mon conseil est de comparer le Covid-19 à une varicelle. Les enfants connaissent généralement cette maladie et savent qu’elle est contagieuse mais bénigne. Il faut toujours mettre la guérison en perspective et expliquer que si on aime son papi ou sa mamie, il vaut mieux rester à la maison pour le moment". 
Pour aider à patienter, on peut d’ores et déjà évoquer les joies à venir à l’issue de cette période. "Ne pas hésiter à parler des futurs bisous et des câlins de la part de l’entourage, mais aussi des sorties et des cadeaux auxquels les enfants auront droit, une fois leur devoir de rester à la maison accompli !"

 

Les 5-7 ans

"À cet âge, cela se complique car les enfants sont familiers depuis peu de temps avec l’idée de la mort. Comme nous tous, ils reçoivent en plein visage les chiffres de la mortalité due au Covid-19, annoncés chaque jour à la radio ou à la télévision. Tâchons donc de rester pudique vis-à-vis de ces informations et de les en préserver". Les plus sensibles pourront développer dans les prochaines semaines des troubles de sommeil, être plus repliés sur eux-mêmes ou pleurer plus que d’habitude. Il faut savoir être attentif à ces signes, pour être en mesure de rassurer et de rationaliser les angoisses des enfants. 

 

Les 8-12 ans

C’est l’âge de la pensée scientifique chez les enfants. Ne pas hésiter à évoquer ces questions épistémologiques, se renseigner avec eux sur les avancées de la recherche, ou encore la possibilité de trouver un vaccin contre le coronavirus…

 

Les adolescents

En cas de confinement avec des adolescents, l’objectif principal, c’est la "Pax Romana" ! "Pour éviter le conflit autant que possible, libérez la toile : laissez vos adolescents faire ce qu’ils veulent en ligne. Il est important d’acheter la paix sociale dans un contexte où le confinement peut s’éterniser…". 
Par ailleurs, incitez-les à réfléchir sur la manière de devenir acteur de cette situation. "Poussez-les à s’impliquer : faire les courses pour un voisin qui ne peut pas sortir, proposer de l’aide aux devoirs aux plus jeunes… Et ne pas hésiter à relayer leurs exploits sur les réseaux sociaux ! Cela ne pourra que les aider à tirer du positif de cette situation."

 

Et en cas de crise généralisée…

Si vous sentez que parents comme enfants sont sur le point d’atteindre leurs limites, n’attendez pas que la coupe soit pleine ! "Prenez rendez-vous pour une téléconsultation avec un psychologue ou un psychiatre. Il est clair que le confinement n’arrêtera pas les conflits, ni ne mettra un terme à l’opposition des enfants envers leurs parents… Il ne faut donc pas hésiter à se faire aider, pour garantir la sérénité de tous"

Professeur Marcel Rufo, pédopsychiatre
Professeur Marcel Rufo, pédopsychiatre à la Clinique des Trois Cyprès à Marseille

 

En bref

  • Ne cachez pas la situation aux enfants, parlez-en ensemble, sans pour autant évoquer tous les détails de l’épidémie ou créer une atmosphère anxiogène.
  • Évoquez toujours la notion de guérison pour les rassurer.
  • Encouragez-les à agir pour les plus fragiles : c’est valorisant et cela aide à tromper l’ennui !
  • Évitez les conflits à tout prix, quitte à être plus souple que d’habitude sur les règles.
  • Si vous sentez que vos enfants, ou d’autres membres de la famille, vivent mal la situation, n’hésitez pas à prendre rendez-vous pour une consultation en ligne avec un psychologue.