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Bronchiolite : tout savoir sur cette infection respiratoire du nourrisson

le 15/10/2025

La bronchiolite fait partie des infections respiratoires les plus fréquentes chez les tout-petits. Chaque année, cette maladie virale touche environ 480 000 enfants en France, principalement avant l'âge de 2 ans. Si elle reste généralement bénigne, elle peut nécessiter une hospitalisation dans 2 à 3 % des cas, notamment chez les nourrissons de moins de 6 mois.

Pour mieux comprendre cette pathologie et ses évolutions récentes, nous avons interrogé le Dr Tamalet, pneumo-pédiatre au Centre de pneumologie et d'Allergologie de l’enfant à Boulogne Billancourt, et à l'Institut de l'Enfant de la clinique Marcel Sembat. Forte de son expertise hospitalière à l'hôpital Trousseau, elle nous éclaire sur cette maladie qui connaît actuellement des changements majeurs grâce aux nouvelles stratégies de prévention.

Qu'est-ce que la bronchiolite et pourquoi touche-t-elle principalement les nourrissons ?

La bronchiolite est une maladie respiratoire virale qui touche plus particulièrement les enfants de moins de 2 ans - environ 30 % d'entre eux avant cet âge. Elle est causée par le virus respiratoire syncytial (VRS) dans 80 % des cas, plus rarement par d'autres virus comme l'influenza ou le rhinovirus.

Si cette infection touche surtout les tout-petits, c'est parce qu'il s'agit de leur premier contact avec le VRS, un virus qui circule de façon importante. Tant qu'ils n'ont pas développé leur immunité, ils vont présenter des symptômes lors de leur première exposition à ce virus. Une fois immunisés, ils n'auront plus les symptômes caractéristiques de la bronchiolite.

La transmission se fait directement par les sécrétions nasopharyngées (toux, éternuements) ou indirectement par les mains sur des surfaces contaminées. Il faut savoir que le virus peut survivre jusqu'à 6 heures sur une surface souillée, ce qui en fait une source importante de contamination.

Comment reconnaître les symptômes et quand faut-il s'inquiéter ?

Les symptômes de la bronchiolite débutent généralement par une rhinite, suivie d'une toux, de sifflements ou de crépitants à l'auscultation. L'enfant peut également présenter une respiration plus rapide (polypnée). Contrairement à d'autres infections comme la coqueluche, les enfants atteints de bronchiolite ne toussent pas beaucoup. Ils sont surtout un peu encombrés et on entend des sifflements ou des crépitements.

Dans la majorité des cas, la guérison survient en quelques jours. Cependant, certains signes doivent alerter les parents et nécessitent une consultation médicale urgente :

  • Une respiration très rapide (plus de 60 respirations par minute)
  • Des signes de lutte respiratoire : tirage entre les côtes, au-dessus du sternum, balancement thoraco abdominal
  • Des pauses respiratoires qui peuvent indiquer une fatigue
  • Des difficultés alimentaires importantes (moins de 50 % des biberons habituels sur trois prises consécutives)

Il faut être particulièrement vigilant chez les enfants de moins de 2 mois, les anciens prématurés ou ceux suivis pour une autre pathologie comme une cardiopathie. Lorsqu'on observe les hospitalisations pour bronchiolite, 44 % concernent des enfants de moins de 3 mois.

Quels sont les traitements et la prise en charge de la bronchiolite ?

Il n'existe pas de traitement spécifique une fois la bronchiolite déclarée. La prise en charge repose sur des mesures de confort et de surveillance :

  • Désobstruction rhinopharyngée (DRP) : lavages de nez très réguliers avec du sérum physiologique
  • Fractionnement des repas : proposer des biberons plus petits, mais plus fréquents pour éviter la fatigue
  • Surveillance de l'évolution avec réévaluation médicale à 48-72 h

Il est important de noter qu'il n'y a actuellement aucune recommandation officielle pour la kinésithérapie respiratoire, les bronchodilatateurs type Ventoline, ou les aérosols de sérum salé hypertonique. De même, les antibiotiques ne sont pas indiqués, car il s'agit d'une infection virale.

Attention : les sirops antitussifs et fluidifiants sont contre-indiqués car ils peuvent aggraver l'encombrement en rendant la toux moins efficace. Or, la toux reste un mécanisme naturel important pour éliminer les sécrétions

Quelles sont les nouvelles stratégies de prévention et leur efficacité ?

La grande révolution de ces deux dernières années concerne la prévention vaccinale, qui a considérablement changé l'évolution de l'épidémie de bronchiolite. Mais la prévention de base repose sur des gestes simples et efficaces :

  • Se laver les mains avant et après s'être occupé de l'enfant
  • Aérer régulièrement le logement
  • Porter un masque en cas de rhume, toux ou fièvre
  • Éviter les lieux confinés avec un nourrisson
  • Ne pas partager les biberons et tétines entre les enfants
  • Ne pas fumer à proximité des enfants

En ce qui concerne les nouvelles immunisations, deux approches complémentaires sont désormais disponibles :

- La vaccination maternelle Abrysvo. Administrée entre la 32e et 36e semaine de grossesse, elle permet à la mère de fabriquer des anticorps anti-VRS qui sont transmis au bébé via le placenta.

- L'immunisation passive du nourrisson (Beyfortus - Nirsevimab) : injection d'anticorps monoclonaux anti-VRS directement au nouveau-né dès la maternité. La campagne débute en septembre 2025 pour l’épidémie 2025 – 2026. Cette injection est proposée pour tous les nourrissons qui auront moins de 1 an au moment de l’épidémie (soit tous ceux nés depuis 2025). Le vaccin est efficace au 6ème jour et protège pendant 6 mois. 

Les résultats sont spectaculaires. Pour la deuxième année consécutive, « nous observons une diminution très nette des passages aux urgences et des hospitalisations pour bronchiolite chez les moins de 3 mois » raconte le Dr Tamalet. 

  1. Bronchodilatateur : médicament permettant de lutter contre la contraction anormale des muscles de la paroi des bronches. 

  2. Aérosols de sérum salé hypertonique : Soulage la respiration sifflante et les difficultés respiratoires.