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Allergies au pollen : pourquoi il ne faut pas les prendre à la légère

le 23/05/2025

Allergies au pollen : pourquoi il ne faut pas les prendre à la légère

Le printemps est arrivé, apportant avec lui son lot d’allergies aux pollens ! En France, environ 20 % des enfants et 30 % des adultes sont concernés et ces chiffres sont en constante augmentation. Pour comprendre ce phénomène et les gestes à adopter, nous avons interrogé le Dr Tomas Moraly, allergologue à l’Hôpital privé La Louvière à Lille (Ramsay Santé).

Pourquoi les allergies saisonnières sont-elles de plus en plus fréquentes ?

La fréquence de la rhinite allergique, la manifestation la plus courante de l’allergie respiratoire, a été multipliée par quatre au cours des trente dernières années. Aujourd'hui, près de 30 % des adultes souffrent d'allergie aux pollens en France et l’OMS estime que 50 % de la population sera concernée d’ici à 2050.

Cette augmentation s'explique par plusieurs facteurs. Le premier concerne notre microbiote intestinal, composé de près de 50 000 milliards de bactéries qui tapissent nos intestins et qui jouent un rôle primordial dans notre système immunitaire. Ce microbiote s'appauvrit car nous sommes « trop propres », notamment par l’utilisation de produits bactéricides et d'antibiotiques.

La pollution atmosphérique joue également un rôle majeur. Les microparticules agressent notre système immunitaire quotidiennement. Et comme ces microparticules ressemblent beaucoup aux allergènes, notre système immunitaire, par amalgame, réagit d'autant plus fortement aux petites particules telles que les pollens.

Le troisième facteur est environnemental. Le dioxyde de carbone dans l'atmosphère diminue la fertilité des arbres et des plantes. Pour compenser cette agression et maintenir leur reproduction, les végétaux produisent des pollens plus tentaculaires, plus gros, plus spiculés pour mieux s'agripper, et en plus grande quantité. De plus, les périodes polliniques s'allongent avec le réchauffement climatique. Nous avons donc des pollens en plus grande quantité, plus agressifs, et présents sur des périodes plus longues. C'est un cocktail particulièrement néfaste pour notre système immunitaire.

Quels sont les principaux allergènes responsables des allergies saisonnières en France ?

Pour les allergies respiratoires saisonnières, les principaux responsables sont les pollens de graminées et de bouleau dans le nord de la France, et les pollens de cyprès et d'olivier dans le sud. On observe également de plus en plus d'allergies aux moisissures, favorisées par les climats humides.

Comment identifier une allergie aux pollens ? Comment faire la différence avec un rhume ? 

La cause la plus fréquente de rhinite reste infectieuse, comme la rhinopharyngite. Pour faire la distinction, seul un bilan allergologique complet peut être déterminant. Ce bilan comprend un interrogatoire poussé sur l'environnement et les symptômes, des tests cutanés et éventuellement un bilan sanguin spécifique.

Certains signes peuvent alerter. Les symptômes classiques incluent un nez qui coule, qui est bouché ou qui gratte, des crises d'éternuements, des yeux qui grattent, rouges ou larmoyants. Dans 30 % des cas, ces rhinites allergiques peuvent se compliquer en asthme, avec toux, difficultés respiratoires et respiration sifflante. Une autre complication possible est la perte de l’odorat provoquée par des polypes dans le nez qui sont favorisés par l’inflammation chronique des muqueuses nasales. 

Il est aussi important de rappeler que l’un des symptômes prédominant des allergies respiratoires, souvent méconnu, est le trouble du sommeil. Créant une fatigue importante, ce dernier n'est pas sans impact psychologique sur les patients. La rhinite allergique est ainsi associée à des risques plus élevés d’anxiété et de dépression. 

Quels traitements ou solutions préconisez-vous pour les allergies saisonnières ?

La base du traitement repose sur les antihistaminiques oraux. Mais ce sont surtout les traitements locaux qui fonctionnent le mieux. En tant qu'allergologue, nous prescrivons souvent un traitement associé et optimisé : antihistaminiques oraux combinés à des traitements locaux comme les lavages des fosses nasales et les instillations nasales avec des corticostéroïdes ou des antihistaminiques. Et pour les yeux : des collyres.

Lorsque ces traitements ne suffisent pas, la désensibilisation est la meilleure option. Elle permet d'éduquer le système immunitaire en lui présentant quotidiennement une petite quantité d'allergène pour le rendre tolérant. Aujourd'hui, elle se fait par des gouttes ou des comprimés à mettre sous la langue, plus confortables pour les patients que les injections qui étaient réalisées par le passé. Le traitement est très efficace et peut faire disparaître complètement les symptômes.

Quels conseils pour limiter l'impact des allergies au quotidien ?

Pour les personnes concernées par les allergies aux pollens, je recommande de ne pas trop aérer leurs logements pendant les périodes de forte pollinisation. Il faut aussi éviter de faire sécher le linge dehors, car il pourrait alors ramener des pollens à l’intérieur. Pour les plus sensibles, porter un masque à l'extérieur peut aider, et se laver les cheveux en rentrant chez soi limite la présence d'allergènes dans la maison, même si ces recommandations ne sont pas évidentes à appliquer au quotidien. 

Le conseil à retenir : ne prenez pas les allergies respiratoires à la légère ! Affectent sérieusement la qualité de vie, elles peuvent évoluer vers des complications comme l'asthme. Si vous pensez être concerné, consultez un allergologue pour un diagnostic précis et un traitement personnalisé. Avec une prise en charge adaptée, vous pourrez agir efficacement sur vos symptômes.