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L'utilisation d'exosquelettes pour la rééducation motrice
le 26/06/2025

L'utilisation d'exosquelettes pour la rééducation motrice
À la clinique Ramsay de Champigny, Laurine Gagnard, kinésithérapeute et Fabien Tassié, enseignant en activité physique adaptée, font partie des quelques professionnels de santé formés à l'utilisation d'un exosquelette de rééducation. En complément des approches traditionnelles, cette technologie innovante ouvre de nouvelles perspectives pour les patients atteints de troubles moteurs.
Une technologie qui repousse les limites de la rééducation conventionnelle
« L'exosquelette nous permet de travailler avec des patients qui n'auraient pas pu marcher en séance conventionnelle », explique Fabien Tassié. Ce robot d'assistance à la marche, composé d'un « sac à dos » contenant batteries et moteurs, ainsi que de supports métalliques pour les jambes, permet d'accompagner des patients présentant une force musculaire insuffisante ou un déficit du verrouillage du genou.
L'appareil, qui pèse entre 20 et 25 kilos, est conçu pour que le patient ne ressente pas ce poids. « Pour certains patients marchants, nous pouvons passer d'un périmètre de marche de 10-15 mètres à 500 mètres avec l'exosquelette », souligne Laurine Gagnard. L'appareil facilite notamment le transfert de poids, essentiel pour les patients hémiparétiques, avec une faiblesse musculaire d’un côté du corps. « Pour que l'exosquelette fonctionne, le patient doit nécessairement mettre le poids sur son côté atteint, ce qui permet d’améliorer la qualité de la marche » poursuit la kinésithérapeute.
Les séances requièrent l'usage d'une aide technique - déambulateur ou béquilles - et la présence de deux à trois rééducateurs pour assurer la sécurité du patient. « C'est comme une attelle articulée pour tout le corps, mais c'est nous, les rééducateurs, qui gérons les déplacements et le maintien en équilibre », précise Fabien Tassié. La présence des soignants lors de cette séance est essentielle au bon déroulement, d’où l’importance de former davantage de personnels à cette technologie.
Un accompagnement sur mesure pour optimiser la récupération
La prise en charge débute par une évaluation complète du patient. « Nous effectuons un bilan d'une heure comprenant un test musculaire, l'évaluation de la spasticité ou raideur musculaire et des mesures morphologiques précises », détaille Laurine Gagnard. Certains critères sont indispensables : le patient doit pouvoir comprendre les consignes, tenir debout environ 15 minutes sans troubles de la pression artérielle et disposer d'au moins deux membres fonctionnels.
Chaque séance d'une heure commence par une phase d'installation minutieuse, où l'exosquelette est ajusté aux mesures du patient. Les praticiens peuvent ensuite sélectionner différents programmes d'assistance. « Il existe un mode où nous déclenchons chaque pas manuellement, et un mode plus automatique pour les patients plus à l'aise », explique Fabien Tassié.
L'intégration au programme de rééducation est soigneusement pensée : « Les patients bénéficient d'une séance d'exosquelette hebdomadaire, en complément des séances conventionnelles », précise Laurine Gagnard. Cette approche permet de travailler différents aspects : équilibre, transfert de poids, renforcement musculaire et endurance.
Des résultats encourageants et des perspectives d'évolution
Les retours des patients sont très positifs. « L’une de nos patientes a considérablement progressé. Lors des premières séances, elle atteignait difficilement 2 à 5 mètres. Après plusieurs séances, elle est parvenue à parcourir 200 mètres avec un simple bâton de marche », relate Laurine Gagnard. Maintenant à l’aise avec l'exosquelette, la patiente atteint des distances de 500 mètres à 1 km lors des séances.
Au-delà des progrès physiques, l'impact psychologique est notable. « C'est un moment qui rebooste les patients dans leur rééducation, souligne Fabien Tassié, cela change des séances habituelles et permet de retrouver des sensations de marche, même pour les patients non-marchants. »
Les perspectives d'évolution de cette technologie sont prometteuses. Les praticiens imaginent des dispositifs plus légers et autoportants. Ces innovations s'inscrivent dans une tendance plus large de robotique médicale, avec le développement d'interfaces cerveau-machine permettant d'interpréter les signaux cérébraux. En parallèle, des formations devront être mises en place pour former les professionnels volontaires à ces nouvelles technologies.